Enseignement : « la recherche ne s’est jamais vraiment arrêtée »

 In Politique et Société, Sciences et Environnement, Vie étudiante/université

Alors que cette pandémie a bouleversé tout les domaines, la recherche, quant à elle, n’a pas subi de conséquences particulières, si ce n’est l’accès aux laboratoires. Bruno SCHERRER, enseignant chercheur à l’INRIA, nous accompagne dans notre questionnement.

Pas de déconfinement a proprement parlé pour la recherche, qui a continuellement produit des enquêtes et des recherches. Les enseignants chercheurs ont travaillé comme pour la plupart depuis leur domicile, en télétravail. Petit frein : l’organisation du travail n’a pas été rétablie entièrement comme auparavant.

Comment procédez-vous aux travaux de recherche ?

« A titre personnel, je fais comme tous les gens qui sont dans la même situation que moi, j’utilise les mêmes moyens de communications, du type réseaux sociaux, internet, visioconférences, j’échange avec des collègues de cette manière, et lorsqu’il s’agit de travailler tout seul dans mon coin comme je le faisais dans mon bureau, là ça ne change rien. Ce qui est clair c’est que les conditions sont vraiment dégradées, d’un point de vue humain, c’est moins bien de travailler sans pouvoir se retrouver au laboratoire, et c’est gênant également pour le travail car on a pas d’interaction facilement. »

Etes-vous inquiété par cette situation concernant la recherche ?

« Inquiet non. Je trouve assez surprenant que l’Université semble être la dernière roue du carrosse lorsqu’on nous annonce que tout rouvre, mes enfants retournent à l’école, l’ASNL reprend ses entraînements en août, le Puy du fou rouvre également. Le laboratoire de mathématiques n’est pas un endroit où il y a tant de monde que ça donc je pense que ce n’est pas tout à fait raisonnable de penser que c’est un lieu à risques en soi. Je suis surpris et dépité. Je trouve vraiment dommage que l’Université ne rouvre pas. Je trouve dommage qu’il y ai l’air d’avoir une planification de rester dans ce mode dégradé à la rentrée alors que ça n’a aucun sens de prendre des décisions maintenant pour dans 3 mois alors que les choses risquent d’évoluer ou non. L’Université se retrouve être l’un des seuls endroits de la société ralenti.« 

Y voyez-vous plutôt un avantage ou un inconvénient pour le travail à distance ?

« Il y a à la fois des avantages et des inconvénients pour travailler à distance. D’ailleurs c’est pour cela que hors crise sanitaire il y a des gens qui décident de demander du télétravail. Par exemple, j’ai vu passer une étude qui explique que les hommes avaient tendance à soumettre plus de papiers de recherche et pour les femmes l’inverse. Lorsqu’on tient compte des contraintes de la société de la manière dont les choses sont organisées, je pense que ça aggrave un certain nombre d’inégalités ou de difficultés. Ce qui serai important à faire serait un bilan sérieux pour voir ce que ça a donné. »

Du fait de cette situation, pensez-vous qu’il y aura une rentrée à distance en septembre ?

« On a une structure assez hiérarchique, même si au quotidien on communique. Les chercheurs sont dans un laboratoire qui dépendent d’un directeur de laboratoire avec une responsabilité, qui lui dépend des pôles à l’Université, qui eux-mêmes dépendent de la présidence. Ce qu’on sent clairement c’est que la présidence de l’Université à fait le choix, après avoir diffusé des papiers, de planifier une rentrée avec de nombreux enseignements à distance. Le temps que cela se mette en place, que ça soit diffusée aux pôles, aux UFR, la situation peut évoluer très vite. Il y a un décalage avec les annonces du Président de la République. L’INRIA a annoncé que, pour ceux qui sont dans des centres de recherche, peuvent revenir travailler en présentiel. Il y a manifestement un décalage entre la situation sanitaire et les gens qui travaillent au quotidien, les enseignants, les chercheurs. »

Le confinement a-t-il ralenti les recherches ?

« Il y a un décalage à cause du temps. Je suis peut être naïf et optimiste. J’aimerais croire que le décalage va continuer à se propager, dans quelques jours on aura des nouvelles du type : « vous pouvez reprendre vos activités normalement à l’Université ». Ensuite c’est compliqué, des gens ont du bosser comme des fous pour cela, il faut le prendre en compte, ne pas tout mettre à la poubelle. J’ai l’impression que ce qu’il faudrait, c’est prévoir une rentrée normale, dans l’hypothèse qui à l’air d’être privilégiée par les gens qui savent sur la santé, je leur fait confiance et ce qui a été fait jusqu’à présent ne sera pas tout à fait inutile. »

Quel est votre ressenti par rapport à une reprise normale de la recherche et des enseignements ?

« Mon sentiment personnel c’est qu’il faudrait, dans l’hypothèse où tout se passe bien, reprendre la vie normale en termes de conditions de travail. Après, je perçois bien aussi qu’il y a un certain nombre de collègues qui peuvent avoir peur. J’ai aussi eu peur à un moment avec le virus. Je pense que pour eux il faut assouplir, qu’ils aient la possibilité si ça leur pose problème, s’ils sont en contact avec des gens, des parents, des personnes malades, quelques soient les raisons. J’ai l’impression qu’il faut être souple vis-à-vis de ce ressenti et permettre à ces gens de continuer le télétravail s’ils le souhaitent, comme on peut le demander en temps normal. Tout ceux qui souhaitent revenir, reprendre la vie, quitte à courir un risque, puissent le faire aussi. »

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