Loi El-Khomri : Sursaut à Nancy

 In Actus

Alors que jusqu’ici la Lorraine était en queue de wagon par rapport à la mobilisation nationale, Nancy a créé la surprise, en ce grand jour de mobilisation, avec 15 000 personnes dans la rue selon les syndicats et 7 000 selon la police. Une chose est sûre, les jeunes étaient bien plus présents que lors des premières manifestations du 9 mars.

Les étudiants étaient cette fois plus de 300 au départ de la fac de lettres - Crédits Photo : Elie Jofa

Les étudiants étaient cette fois plus de 300 au départ de la fac de lettres – Crédits Photo : Elie Jofa

Ils sont 200 a s’être réunis en AG à l’appel de l’UNEF ce jeudi 31 mars à la fac de lettres. 200 alors qu’ils n’étaient que 70 lors du 17 mars dernier : aujourd’hui les jeunes ont donc décidé de répondre à l’appel. Après avoir déclenché les alarmes incendies pour vider les bâtiments, les militants ont investi l’amphi A042 pour discuter de la marche à suivre. Pourtant, ce n’est pas l’union qui saute tout de suite aux yeux, bien au contraire. L’amphi est fortement divisé entre ceux qui défendent l’idée d’une mobilisation pacifique et ceux, crânes rasés et en bombers, qui parlent de bloquer les banques, l’économie, qui glorifient l’attaque de commissariats par des lycéens lors des dernières manifestations.

Réformisme ou révolution ? Le vieux débat ne sera pas tranché aujourd’hui. Mais l’ambiance est tendue. Lorsque Thomas, étudiant en sociologie, essaye de rappeler ses camarades à une certaine forme de réalisme en leur intimant « On va pas faire le grand soir aujourd’hui », les libertaires le huent allègrement, tout comme ceux qui instillent l’idée que, peut être, mener des actions violentes ne ferait que discréditer le mouvement.

« On filme pas ! »

Tout ce qui compte pour Morand Perrin, militant du PCF, l’un des leaders de cette AG, c’est de trouver « ce qui est de nature à faire le plus chier Manuel Valls ». Si la question des actions violentes finit par être éludées, la tension ne retombera pas de sitôt : deux militants de l’UNI se dévoilent dans l’amphi, exprimant leur désapprobation contre des mobilisations qu’ils estiment « illégitimes ». La tension monte lorsque certains militants se rendent compte qu’un des trouble-fêtes était en train de filmer la scène avec son portable. Ils sont expulsés dehors puis encerclés par des militants très en colère qui leur ordonne, avec quelques bousculades, de supprimer la vidéo. « C’est un lieu privé, tu n’as pas le droit de filmer. » L’Université de Lorraine est certes un lieu privé, mais sur lequel les militants n’ont pourtant aucune espèce d’autorité.

Plus le temps de s’occuper des gêneurs, il s’agit désormais de voter. Rendez-vous est pris le 5 avril pour une nouvelle AG au Centre Culturel Autogéré de Nancy pour discuter de la suite des événements. Il s’agit également d’aller, enfin, manifester dans les rues de Nancy. C’est plus de 300 étudiants qui partiront du campus Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Lorraine pour rejoindre « l’inter-orga » place Dombasle. Un nombre équivalent de Lycéen s’est également déjà mis en marche.

Les manifestants se rassemblent sur la Place Dombasle - Crédits photo : Elie Jofa

Les manifestants se rassemblent sur la Place Dombasle – Crédits photo : Elie Jofa

Ils sont environ 3 000 au total au moment du rassemblement à 14H sur la place Dombasle, avec beaucoup de jeunes présents, contrairement aux manifestations précédentes. Au bout d’un moment, le cortège se met en branle, avec les jeunes qui ferment la marche. Alors que la manifestation traverse le pont Kennedy dans une ambiance bon enfant, de nombreuses personnes viennent grossir les rangs, et c’est bientôt plus d’une dizaine de milliers de personnes qui investit les rues de Nancy. Si au soir la préfecture annonce 7 000 manifestants, des policiers penchaient plutôt pour « 20 / 25 000 personnes » sur le moment. Léo Sanson, responsable local de l’UNEF qui aura été en tête de pont du mouvement étudiant à Nancy depuis le début, finit par annoncer « 20 000 personnes dont 3 000 jeunes ». Le jour et la nuit si on compare avec les précédentes journées de mobilisation, notamment celle du 17. « Les journées précédentes n’étaient que des tours de chauffe » explique Léo. « On voulait voir si on étaient capables de mobiliser du monde, et on avait de toute façon beaucoup communiqué sur la journée du 31 dès le départ. »

Léo Sanson, responsable local de l'UNEF, leader du mouvement étudiant à Nancy - Crédits Photo : Elie Jofa

Léo Sanson, responsable local de l’UNEF, leader du mouvement étudiant à Nancy – Crédits Photo : Elie Jofa

A Metz, seulement 3 000 personnes sont descendues dans la rue aujourd’hui pour protester contre le projet de loi El-Khomri. Dans la petite ville de Longwy, 300 personnes ont réussit à bloquer la RN52. A Épinal, on dénombre près de 1500 manifestants, bien plus que durant la manifestation du 9 mars.

Si certaines manifestations dans d’autres grandes villes de France ont été émaillées de nombreux incidents, celle de Nancy s’est passée dans un calme absolu et sans aucune trace d’animosité entre les manifestants et les forces de l’ordre, tout en mobilisant, et de manière inattendue, beaucoup de monde. Il semblerait qu’aujourd’hui, en Lorraine, ce soit les réformistes qui l’aient emporté.

Prochaine mobilisation le 9 avril

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