Forum de la Laïcité 2/3 – « La laïcité et la démocratie sont en lien direct avec la liberté de presse »

 In Actus

Samedi 30 janvier dernier se tenait le forum de la laïcité au Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle à Nancy. Parmi les nombreux ateliers de discussions proposés, nous avons choisi de nous attarder sur celui dédié au décryptage des médias. Un thème pas si éloigné de celui de la laïcité : « La laïcité et la démocratie sont en lien direct avec liberté de presse » d’après François Hanot, membre de Solidarité Active, qui participait aux débats. Deuxième volet de notre dossier dédié au forum de la laïcité.

La salle Boileau du Conseil Departemental du 54 - Crédits Photo : Kamila Shepelava

La salle Boileau du Conseil Départemental 54 – Crédits Photo : Kamila Shepelava

De nos jours nous sommes tous envahis par l’information incessante sortant de tous les supports possibles : panneaux d’affichage, journaux papier, radio, télévision, Smartphones et ordinateurs avec l’accès à Internet et la diversité des sites qui y sont proposés. Pour autant, peut-on vraiment croire à tout ce que disent les médias ? Comment exercer son esprit critique ?

On dit souvent que l’on reste toujours devant nos écrans, que l’on a perdu l’habitude d’échanger, que l’on est dans la frustration… Mais ça ne veut pas dire que l’on est tombé dans un état d’apathie malgré tout. Notre soif de savoir ce qui se passe dans le monde est toujours aussi présente, si ce n’est plus encore.

Pour ne pas ressembler aux habitants de la caverne de Platon, il est très important de pouvoir identifier les sources d’information et d’être capable de les décrypter. C’est pourquoi le fait de consulter plusieurs médias (au moins 5-7 sources) et de ne pas se limiter à un seul nous aide à élargir notre point de vue et à rester plus informé et plus objectif.

Une liste de sources médiatiques jugées fiables a été composée pendant le forum par les participants, aussi bien des journalistes, des bibliothécaires, des enseignants, des membres de l’UFCV (Union Française des Centres de Vacances) que des gens tout simplement intéressés par ce thème, et surtout des jeunes.

Parmi cette liste, Mediapart, Le Nouvel Obs ou encore Courrier International sont cités pour la presse écrite, BFM, Arte et Canal+ pour la télé, les chaînes de Radio France, enfin, pour la radio. Les réseaux sociaux et Youtube sont aussi cités comme sources potentielles d’information, même si les animateurs prennent le temps de rappeler qu’il faut rester vigilant face à ces supports qui peuvent devenir des machines à désinformation. Comme si les médias « traditionnels » comme BFM ou Canal+, eux, n’en étaient jamais capables…

 

Évolution de notre rapport au média

 

Avec l’avènement d’Internet, la « génération Google » a perdu l’habitude du contact direct avec le papier, tout est devenu numérique. Cela a beaucoup facilité l’accès à l’information, mais aussi à la possibilité d’en être le diffuseur.

Le domaine du journalisme a ainsi énormément évolué au cours des 20 dernières années. Si avant, les journalistes étaient obligés de se rendre sur place, maintenant il existe la pratique de la recherche sur Internet et la pratique de l’interview par téléphone, Skype…

Pour autant, le rôle des médias reste le même : hiérarchiser l’information et en donner les clés pour sa compréhension. Un travail que seul le journaliste peut faire. Certes, en pratique. Sauf que la manière de traiter cette information a changé : on ne traite plus des faits ou des opinions, on traite des émotions. Le journaliste Christian Delon, qui participait à cet atelier a cité en exemple une situation où les journalistes demandent à une personne si elle est triste, elle répond oui, mais personne n’explique pourquoi. Les émotions priment sur les faits.

 

Allégorie de la cacophonie médiatique - Crédits Photo : Kamila Shepelava

Allégorie de la cacophonie médiatique – Crédits Photo : Kamila Shepelava

 

La hiérarchisation de l’information est au même niveau que celui d’un conflit. Le but des grandes chaînes, notamment les chaînes d’info en continu comme BFM, est de vendre à tout moment de l’excitation intellectuelle, peu propice à la réflexion et au recul. Ils jouent sur les émotions et sur les réflexes.

Les jeunes restent souvent naïfs en se méfiant des médias traditionnels – de plus en plus prompts certes, à la sortie de route – au profit d’internet, souvent vu, à tort, comme plus fiables. Pourtant que l’on soit sur un média ou sur un autre, la règle du marketing reste la même : « Les émotions fortes, ça se vend ».

L’autre conséquence de l’apparition d’Internet est l’apparition de l’immédiateté. On veut savoir tout, tout de suite, et de manière rapide et synthétique. Cette demande des utilisateurs, des lecteurs, des auditeurs ont forcé les médias à changer leurs priorités : avant c’était l’information qui était primordiale, et maintenant c’est plutôt l’aspect divertissant, le spectacle. Là encore, l’exemple du traitement des attentats de janvier par des chaînes comme BFM, épinglée par le CSA à l’époque, est un bon exemple de ce phénomène.

 

Sensibiliser les jeunes

 

Ainsi, au lieu d’avoir les explications dont on a besoin, on reçoit des informations ambiguës et polémiques. Un phénomène qui entre dans les préoccupations des parents (dans la plupart des cas, les jeunes commencent à suivre les actualités grâce à leurs parents), et des enseignants qui doivent apprendre à écouter les jeunes et pouvoir les canaliser vers les sources d’information. On rentre dans le vrai sujet de cet atelier: comment remettre les jeunes sur le droit chemin.

Pendant la discussion une femme qui est mère et enseignante a défini le problème comme étant « une pierre d’achoppement » pour les jeunes : « Les jeunes ne sentent pas que les adultes les écoutent, que leurs opinions sont importantes. Ils doivent se rendre compte que leurs opinions comptent ». Cette conscience d’être écouté contribuerait à réfléchir plus sur ce qu’on voit, lit et entend et à développer un rapport plus critique. Quid de tout ces instituteurs qui depuis un an alertent les pouvoirs publics sur un phénomène que l’écoute ne suffit plus à endiguer depuis longtemps ? Et d’ailleurs, comment écouter dans un monde hyper médiatisé, où tout le monde hurle en même temps et en permanence ?
Kamila Shepelava

 

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