Drogues et alcools : « un détour par l’enfer »de la prévention au décrochage

 In Actus, Politique et Société
Jeudi 26 novembre 2020, alors que la 5 eme édition du mois sans tabac vient de se terminer, Radio Campus Lorraine et la MGEL organise une table ronde sur les addictions. Quels facteurs de risques, comment sombre-t-on, comment peut-on s’en sortir. Nos différents intervenants nous livre des éléments de réponses.

Dans cette table ronde on retrouve : le Docteur Hegel, addictologue au Centre Médical des Addictions de Metz, Laura Pancetti Chargée de projets Prévention Santé Solidarité à la MGEL, Caroline Martin bénévole auprès de l’association AIDES Nancy et Erwann Gramand qui revient sur un parcours autobiographique de 25 ans d’alcoolisme. Il est l’auteur de l’ouvrage « Un Détour Par L’Enfer » aux éditions Lemart

Dans les discussions de comptoirs, on entend tout et n’importe quoi : entre ceux qui sont dans le déni « mais non je suis pas accro, je m’arrête quand je veux » et ceux qui sont persuadé d’être addict à tout et n’importe quoi : au chocolat, au café, au sucre, au sexe…. Cette table ronde ne pouvait donc pas commencer sans revenir sur les grands principes qui définissent une addiction.

Le Dr Hegel, addictologue nous explique la règle des 4C qui définissent une addiction ou une conduite addictive :

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Pour Laura Pancetti, il existe des addictions à des produits (drogues, alcools, tabac) et des addictions comportementales (jeux…). La chargée de prévention à la MGEL note que certaines drogues sont de plus en plus présentes dans le monde étudiant comme le LSD ou l’ecstasy.

Les autres fléaux, pourtant légaux qui touchent massivement les étudiants sont bien sûr le tabac et l’alcool.

« Mes parents n’étaient pas choqués quand je rentrais saoûl tous les W-E. Ce n’est pas normal de voir son enfant rentrer tous les samedis ivre »

Erwann Gramand

Erwann Gramand, qui est tombé dans l’alcool nous explique comment se traduisait son comportement addictif.

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Comment tombe-t-on dans une addiction ? Quels sont les facteurs qui peuvent conduire à tomber dans une addiction ? Est-ce du à des parcours de vie ? Un parent alcoolique ou sujet à une addiction me rend-il plus vulnérable à une addiction ? Erwann Gramand et Caroline Martin témoignent : l’environnement familial social et sociétal peut jouer un rôle dans l’entraînement dans la spirale addictive.

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Prévention des addictions : pas de » recettes miracles ».

Laura Pancetti estime qu’on ne fait pas de la prévention assez tôt, « dès le plus jeune age » car « ca commence plus en plus tôt » car les jeunes veulent faire « comme les grands par pur mimétisme ». Pour Ewann Gramand, la prévention à un rôle a jouer. Il se dit « extrêmement choqué quand il voit des publicités autour de l’alcool » à la sortie des lycées. Il est choqué quand à l’heure du confinement, il voit des cannettes de bières avec un taux d’alcool très fort à 68 centimes. Le docteur Hegel rappelle que la prévention est un enjeu auprès des plus jeunes pour alerter des conséquences d’une addiction sur « un cerveau en maturation. »

« Une addiction précoce peut faire des dégats dans le cerveau d’un adolescent. […] Cette consommation précoce (13 ans-14 ans) va impacter les fonctions cognitives »

Dr Hegel, addictologue

Caroline Martin dénonce le caractère ambigüe entre répression et incitation aux consommations. Pour elle, il faut sortir du tout repressif au profit d’actions de prévention sur les dangers des consommation. Il faut également pouvoir parler librement avec les jeunes sur les manques qui peuvent conduire les jeunes à se tourner vers l’alcool et les drogues.

La MGEL, qui multiplie les actions de préventions réalise des questionnaires de qualités

Pour le Dr Hegel, « il y a des mots que les adolescents ne peuvent pas entendre » dans les actions de prévention et les premiers contacts avec les sujets addictifs (alcool, cannabis, tabac). Il faut travailler sur les notions de « conformations sociales » et les « rites initiatiques » et l’image positive que certains produits vehiculent. L’alcool est ainsi toujours associé à la fête, le cannabis aussi, quand le tabac commence de plus en plus à avoir une image négative.

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Il y a une pression sociale qui est absolument terrible »

Erwann Gramand

Pour Erwann Gramand, la pression sociale est terrible, en particulier l’environnement familial qui incite à la consommation. On a tous un « tonton, un beau-frère » qui croit bien faire en vous resservant. Il dénonce aussi le fait que c’est souvent considéré comme « impoli » de refuser qu’on vous serve pendant un repas et qu’il est très dur de refuser face à des insistances un peu forte.

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Pour les drogues dites « dures », il peut y avoir un « environnement délétère au départ », une défaillance affective familiale, amoureuse, un environnement socio-économique. Pour Caroline Martin la chute dans une addiction ne se fait pas du jour au lendemain, mais de façon progressive. Ce n’est pas un phénomène récent, les hommes ont toujours recherché des substances psychoactives plus ou moins institutionnalisées.

Le docteur Hegel, la difficulté d’un patient est de revenir sur le processus psychique d’une addiction qui prend une place prépondérante dans la vie du futur patient. « C’est une modification du comportement interne », si dans un premier temps « on consomme pour le plaisir » dans un usage récréatif, la spirale de l’addiction conduit à une « renforcement positif » qui conduit à retrouver régulièrement ce plaisir. Cette consommation « pour le plaisir ou pour l’usage social conduit un « détournement de la motivation ». L’usager va « mettre à l’écart » certaines choses de sa vie pour se concentrer sur l’objet de son désir récurrent. Cet attachement excessif ou « craving » va se transformer en « trouble d’usage », il vient à consommer « pour être moins mal » et va donc se concentrer exclusivement à la satisfaction du manque. Pour décrocher, la question centrale devient donc « comment arrêter quelque chose qui a occupé tant de temps dans la vie de l’usager et dans la vie psychique ? » S’en passer est une nouvelle terre inconnue anxiogène.

Décrocher : le parcours du combattant

Si bien sûr, la condition siné qua non pour décrocher d’une addiction c’est « la volonté », un certain nombre de phénomènes et de processus peuvent aider au décrochage. Pour Erwann Gramand et ses 25 ans d’addictions à l’alcool c’est un évènement qui a été le déclic de son long processus de désintoxication.

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Pour Laura Pancetti, le déclic doit aussi être le moment pour « s’accompagner des bonnes personnes » en étant conscient que « cela ne va pas se faire du jour au lendemain. » La rechute potentielle aussi ne doit pas être « décourageante mais vue comme une étape du processus ».

Dès lors c’est un parcours qui s’engage et qui peut prendre plusieurs formes comme nous l’explique le Dr Hegel, addictologue.

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Pour Caroline Martin, faire la démarche de contacter l’association AIDES et le dispositif CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues) permet de réduire les risques, pouvoir se faire tester contre le VIH, de reprendre soin de soi, retrouver un hébergement, un toit pour se mettre en sécurité, refaire des démarches administratives pour retrouver une place dans la société.

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Pour des addictions plus « légales » et plus communément admise par la société, Laura Pancetti nous explique le rôle d’actions comme « Mois Sans Tabac » ou « Dry January » ainsi que le rôle du pair à pair et des ambassadeurs de la santé dans le décrochage de ce type d’addiction.

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Pas vraiment recommandée par les médecins, Erwann Gramand nous explique son processus de décrochage « du jour au lendemain », un sevrage « à la dure » avec des effets secondaires.

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Le problème d’un décrochage à la dure ne réside pas tant, de la dépendance psychologique que de la dépendance physique qui peut conduire à des symptômes, un syndrome du sevrage qui peuvent conduire à des urgences médicales. Pour l’alcool et les drogues comme l’héroïne, le passage par des traitement de substitution va empêcher le manque physique en permettant de traiter la dépendance psychique. L’arrêt de la consommation se fera donc progressivement parfois avec une hospitalisation ou en ambulatoire.

Quant au volet du tabac, la cigarette electronique doit être une aide à la réduction et peut être un outil comme les gommes ou les patchs.

Pour certains, un changement d’environnement est une solution. Déménager, changer d’entourage, la bienveillance de l’entourage et une reprise d’activités sont tout autant de facteurs favorisant le décrochage.

« Il ne faut jamais baisser la garde » pour éviter la rechute

Pour Erwann Gramand qui a décroché depuis de l’alcool, le combat n’est pas fini, il est « toujours en hypervigilance » et ne s’autorise aucun écart :

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Dans ce combat, l’entourage et la famille a son rôle a jouer avec un positionnement extrêmement compliqué. Il faut trouver le bon dosage entre ne pas baisser les bras tout en évitant la rupture familiale, le point de non-retour. Le Dr Hegel et Caroline Martin donne quelques conseils pour les proches des consommateurs qui ne sauraient pas comment réagir.

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Vous pouvez également retrouver l’intégralité de la table ronde animée par Radio Campus Lorraine en écoutant l’émission ci-dessous.

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Pour Erwann Lemart, le décrochage s’est accompagnée de l’écriture de son ouvrage « Un Détour par l’Enfer » qui a joué le rôle de catharcis dans son processus de guérison. Retrouvez son ouvrage aux éditions Lemart.

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