Un compromis entre la ville qui dort et la ville qui veille

 In Culture

Trois parapheurs qui passent de mains en mains entre les représentants de la mairie, de la métropole et de la préfecture, c’était la signature de la charte de la vie nocturne annoncée plus tôt cette année : Labelle Nuit.

A droite : Gilbert Thiel, Au centre : Laurent hénart

À la brasserie St Georges, premier exploitant signataire de la charte, les artisants du projet présentent le label qui sera attribué aux établissements respectant les clauses dévoilées à cette conférence de presse, autour des grands axes suivants :

  • Une emphase sur le rôle de prévention des établissements, notamment auprès de leur personnel, sur les pratiques « à risques »
  • Une régulation des débits de boissons : toute Happy Hour doit comprendre des réductions sur des softs aussi, et les établissements doivent d’ici un an servir a manger a partir d’une heure et demie avant la fermeture
  • Une régulation des niveaux sonores : limités à 80 dB et avec l’injonction de baisser progressivement le son à partir de 22h

Bien entendu, seuls les établissements signataires et désirant afficher la vignette Labelle Nuit en vitrine doivent se plier à ces exigences, cependant les établissements « réfractaires » sont pénalisés, selon les mots de M. Le Maire, « au niveau de leur image », mais peuvent aussi encourir des pénalités allant d’une suspension de licence à la fermeture administrative.

Cette année plusieurs établissements ont du mettre la clef sous la porte lorsque la Préfecture l’a ordonné, notamment le Chat Noir et l’Appart’.
Toutefois ce n’est pas la voie vers laquelle voudrait se diriger Gilbert Thiel, adjoint municipal aux questions de sécurité et de tranquillité publique, pour qui la Charte est un compromis entre les velléités plus repressives des autorités et les ambitions rabelaisiennes des « usagers ».

Promesse de campagne du maire sortant Laurent Hénart, la mise en œuvre tardive de la charte serait à imputer aux contraintes logistiques auxquelles la ville à du faire face depuis les attentats de 2015 : armer et former au tir les gardiens de la paix de la cité ducale s’est trouvé être une entreprise fort chronophage, comme la mise en place d’un centre de surveillance urbain 1 inauguré le matin même de la signature.
Rationnaliser la vie nocturne n’est pas une idée nouvelle, en effet en 2007 un prototype de charte départementale a été lancé, impliquant une équipe de Médiateurs de Nuit, mais le manque de précisions sur le rôle et surtout la rémunération de ces derniers a condamné la charte de 2007 à l’oubli.

Et les étudiants dans tout ça ? Pour M. Thiel, le Comité, ou siègent la Mairie, la Préfecture, la Métropole et la FDIH, ne doit pas s’encombrer en cherchant à représenter tout le monde. Le Conseil de la Vie étudiante (instance étudiante consultative auprès de la Métropole) assistera à la réunion bisannuelle du Comité, mais n’a pas voix décisionnaire.

53 000 à Nancy, les étudiants (nancéiens ou non) sont les principaux « usagers » des établissements nocturnes : des soirées d’intégration aux after partiels, bon nombre de soirées sont organisées par les différents BDE et associations. Pourtant une certaine lassitude se fait ressentir : transports en commun qui finissent tôt, snacks fermés à 2h, rues insalubres, la vie nocturne sous les feux de la place stan ne fait plus rêver comme d’antan. Pourtant, toujours selon M. Thiel, cette charte est précisément faite pour sauver la fête à Nancy, en assainissant les relations entre lève-tôts et couche-tards.



1 : l’article de l’Est républicain

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