Trouver 5000€ pour un fauteuil, le pari fou d’Emil Vautrin ! Interview

 In Actus

Emil Vautrin s’est vu refuser le financement de son fauteuil roulant par la MDPH. Atteint d’un handicap reconnu depuis sa naissance, il a donc décidé d’ouvrir une cagnotte Leetchi. L’étudiant a commenté ce refus de la Maison Départementale des Personnes Handicapées devant nos micros (Interview à retrouver en bas de l’article).

Emil est atteint de spina bifida. S’agissant d’un développement incomplet de la colonne vertébrale, le jeune étudiant en droit souffre de paralysie et de perte de sensibilité des membres inférieurs. Handicap ne l’empêchant pas de marcher en intérieur, il nécessite tout de même un fauteuil roulant pour se déplacer car il se « fatigue très vite » nous a-t-il déclaré.  Déjà équipé d’un fauteuil roulant, celui-ci se trouve être usé. Un appareil médical de ce type se voit d’être changé tous les 5 ans.

En France, la Sécurité Sociale rembourse 600€ dans la prise en charge des fauteuils roulant. Seulement, selon Emil, ce type de fauteuil est limité à des utilisations « dans les hôpitaux car ils ne roulent qu’à moitié ». Pour l’aider à financer son premier fauteuil manuel, Emil avait organisé une soirée caritative au T.O.T.E.M. A cette époque, il « n’était pas au courant qu’[il] pouvait réaliser un dossier de financement auprès de la MDPH » nous a-t-il raconté.Afin d’acquérir en supplement de son fauteuil manuel, un fauteuil cette fois-ci électrique, son ergothérapeute s’était alors chargé du dossier. La demande et le remboursement auprès de la MDPH s’étaient alors effectués sans aucun problème nous a-t-il raconté.

« Je n’ai pas été suffisamment conseillé. »

Lors de la construction d’un dossier de remboursement, des aides sont mises à disposition. Pour Emil, il s’agissait de son ergothérapeute qui avait déjà réalisé son précédent dossier. Seul hic cette fois-ci, cette dernière ne l’a pas aidé comme convenu dans les démarches. Quand nous lui avons demandé pour quelle raison, le jeune étudiant nous a répondu « qu’elle devait surement crouler sous les dossiers », le tout en espérant qu’il s’agisse de la bonne raison car sinon « [il] ne comprend pas ». Un manque de conseil évident se fait ressentir dans son cas. Il nous confirme d’ailleurs qu’il « n’a pas été suffisamment conseillé ».

Ce manque de conseil a finalement abouti à un refus de la MDPH de financer son fauteuil roulant. Mais comment en est-il arrivé là ?

Devant l’obligation de changer son dispositif médical suite à un voyage, Emil et sa famille réalisent le fameux dossier auprès de la MDPH. Seul souci, le traitement de ce dossier met plus de temps que prévu. Son voyage arrivant, la famille Vautrin a donc décidé d’avancer l’argent, le tout en réalisant un prêt bancaire. Là est l’erreur selon la MDPH. En effet, «la Maison Départementale des Personnes Handicapés considère que dès que l’on avance les sous, c’est qu’on les a, et donc elle refuse de rembourser un fauteuil dont les sous ont été avancé » explique Emil Vautrin.

Sa famille décide alors de s’en remettre à la générosité d’inconnus face à son histoire. Ils décident d’ouvrir une cagnotte en ligne participative à hauteur de 5000€. Cette cagnotte, ouverte depuis novembre « nous aidera dans tous les cas à rembourser mon fauteuil, donc si on n’atteint pas la somme, ce n’est pas si grave » raconte Emil en relativisant.

Et le droit à l’erreur ?

Depuis le 1er août 2018, une petite révolution a fait son apparition dans les démarches administratives : le droit à l’erreur. Mais qu’appell

e-t-on « droit à l’erreur » ? Pour le Ministre de l’Action et des Comptes publics, il s’agit de la « la possibilité offerte à chaque Français de pouvoir se tromper dans ses déclarations à l’administration sans risquer une sanction au premier manquement ». Cette nouveauté fonctionne sur le principe de la « bonne foi » et s’applique à toutes les démarches administratives.

Si on applique cette nouvelle loi au cas d’Emil Vautrin, pourquoi le jeune étudiant n’a-t-il pas eu accès à ce recourt ? Ce dernier nous explique qu’un retard dans le traitement de son dossier a eu lieu, ce retard entrainant alors une annulation de sa demande. Souhaitant en monter un nouveau et réaliser l’annulation de la vente, Caroline Vautrin, la mère d’Emil, s’est vu définitivement refusée le remboursement du fauteuil roulant de son fils.

Quand est-il alors du droit à l’erreur tant proclamé par Gerald Darmanin ? Pourquoi Emil Vautrin n’y a -t-il pas eu accès ? Il estime ne pas être un « fraudeur », et que son « handicap a été attesté depuis de nombreuses années et pour toujours ». Une incompréhension règne alors chez le jeune étudiant en droit.

Ce dernier reconnait tout de même « qu’il y a certainement eu des erreurs dans le montage de leur dossier juridique », mais il trouve « sévère comme punition de priver de financement ».

Les cagnottes en ligne font le buzz

Les cagnottes en ligne ont le vent en poupe ces derniers temps. L’idée de demander à des internautes de financer un projet, de venir en aide à quelqu’un, de soutenir une cause est très tendance. Nous pouvons évoquer la cagnotte ouverte par la belle-sœur de Christophe Dettinger, ce boxeur accusé d’avoir frappé un gendarme lors de l’acte 8 des gilets jaunes, le 5 janvier dernier.

Emil estime qu’il ne faut pas comparer sa cagnotte qui l’aide à financer son fauteuil roulant et la cagnotte – maintenant fermée – du boxeur. Pour lui, la visibilité n’est pas la même. Ceci s’explique par la différence de don. Pour lui, l’histoire du boxeur à fait du buzz dans les médias, ce qui a permis d’augmenter le nombre de donateurs, contrairement à son histoire qui est nourrit par les médias locaux. L’impact selon Emil n’est pas le même.

De plus, dire que l’on donne plus pour l’histoire du boxeur à défaut de la sienne est « faux » pour lui. En effet, la moyenne des dons chez le boxeur est de 20€, tandis que chez l’étudiant en droit, la moyenne des dons est de 60€.

Ceci permet de remettre en question :

  • D’une part, l’accessibilité des droits aux personnes handicapées. Comme dans le cas d’Emil Vautrin, il n’était pas au courant qu’il avait le droit à un financement pour son fauteuil, alors que ce dernier est atteint de spina bifida depuis sa naissance. De plus, il estime que s’il connait déjà des difficultés à avoir accès à ces droits, il pense aux familles étant davantage dans le besoin et qui « n’ont pas les capacités à monter un dossier ».
  • D’autre part, le droit à l’erreur. C’est un droit nouveau qui a été instauré récemment. Le cas d’Emil Vautrin devrait remettre en question le fonctionnement de l’administratif.

Grand optimiste dans l’âme, Emil ne retient pas le mauvais côté de l’histoire. Certes « dégouté » comme il nous l’a confié suite à la décision de la MDPH, il croit en la générosité et pense que les internautes sont « très cools globalement ».

Lien de l’interview ci-dessous.

Listen to Trouver 5000€ pour un fauteuil, le pari fou d’Emil Vautrin ! Interview byRadio Campus Lorraine on hearthis.at

 

 

Recommended Posts

Leave a Comment


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Start typing and press Enter to search