Last Train – Quand la musique est un orgasme

 In Culture, Musique

Vendredi soir, concert de Last Train à l’Autre Canal à Nancy.

Micro portatif de Radio Campus Lorraine dans une main, calepin de notes « I love Nancy » dans l’autre, nous sommes parées pour mener l’interview du groupe et sommes reçues dans les coulisses. Accueil chaleureux, qui met tout de suite à l’aise ; peut-être parce qu’ils ont à peu près notre âge. Nous nous installons et commençons l’interview. Ils se prennent au jeu, tantôt sérieux, tantôt joueurs, avec le charme d’un groupe de rock de l’époque et la complicité de potes de toujours.

Après l’interview, nous nous faufilons au concert.

Le concert commence. Brouillard scénique et jeu de lumière, musique western. Apparition en contre, leurs pieds ancrés dans le sol font naître ce message « NOUS SOMMES LA ». La batterie commence et prend le pas de notre rythme cardiaque, les guitares résonnent comme le rugissement d’une Harley Davidson. Le rugissement d’un embrasement de ce qu’il y a de plus profond et de primitif chez l’homme. Ça ronronne.

Ça monte.

Le chanteur ouvre enfin la bouche. Une voix avec des accents à la James Brown, une voix qui trouve sa force et son origine au même endroit, se fait entendre. Un rugissement. Une main tendue tremble de tension par la puissance qui émane du corps.

La musique devient palpable. Sensation de fumée de cigarette et de sueur animale.

Energie animale.

La batterie ne nous laisse pas tranquille, notre cœur est dominé.

Ce n’est pas du rock. C’est du Rock’n’Roll. Son esprit habite les membres du groupe.

Parfois, la guitare presque au sol, ils sont tout proches. Ils s’agenouillent tout en jouant, comme un baiser.

Ils font l’amour avec le public. Ils donnent.

Le rugissement monte ; il gonfle dans nos ventres comme dans le leur.

Ils ne jouent pas avec leur corps. Ils ne jouent pas avec leur tête. Ils jouent avec leurs tripes. Tout ce qu’il y a de plus instinctif.

La Harley Davidson ne tient plus en place. Nous arrivons à l’orée de l’orgasme. Le chanteur implose, tournoie, percute, perd le contrôle. Lâche prise. La guitare glisse de ses mains. Une implosion qui n’a rien de programmé, de scénique… A ce moment, il existe. C’est tout.

Il s’arrête. Plus un mouvement. La musique ne le suit pas. Elle ne le doit pas.

Se plantant devant la batterie, près, tout près, du battement de cœur général, le chanteur laisse ses percussions envahir l’espace que l’implosion a libéré en lui. Il a tout donné.

Ils ont tout donné.

La vraie musique. Le vrai Rock’N Roll comme on n’en a plus. Le son qui vient des tripes. Les écouter, c’est respirer la fumée d’une cigarette. Les voir en concert, c’est fumer le paquet.

Il faut prendre ce train, c’est le dernier.

Cécile Garcia

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