Nancy, troisième ville accueillant une HSA en France?

 In Actus, Politique et Société

La Ville de Nancy souhaite ouvrir une salle de consommation encadrée, nommée HSA. C’est un moyen « d’aider les individus marginalisés et sécuriser l’espace public », tel que décrit par le plan Errance de 2023. La date de son ouverture est encore inconnue, et son inauguration demandera encore un peu de temps.

Le samedi 27 septembre 2025, la mairie de Nancy a ouvert ses portes pour accueillir ses nouveaux habitants. Stands, bergamote, tout pour accueillir étudiants, familles et retraités installés à Nancy. Lors de la conférence d’accueil, une question tonne à travers les haut-parleurs des Grands Salons. Elle concerne la sécurité urbaine, en particulier la présence de personnes sans-abris, errant dans les rues. En réponse à cette question, le Maire rappelle l’action de la ville à ce sujet, par le plan Errance, lancé en 2023. C’est alors que l’acronyme HSA refait surface.

Une HS quoi? 

Une HSA, c’est une Halte Soins Addictions. Elle porte aussi de nom de Salles de Consommation à Moindre Risque (SCMR), ou est surnommée « salle de shoot » de manière péjorative par les détracteurs de ce dispositif expérimental.

Il s’agit d’un lieu de tolérance pour consommer de la drogue dans un espace sécurisé, encadré par du personnel. Il est aussi dédié à la distribution de matériel stérile. « Le constat est fait que la consommation a lieu dans l’espace public, avec du matériel pas adapté », déclare Nadège Nicolas, adjointe déléguée de la Ville de Nancy à la cohésion sociale, nouvelles solidarités, ainés et l’autonomie, et Vice-présidente du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Nancy. « L’idée c’est de sortir cette consommation de rue, vers du sanitaire et du social pour des gens sans solutions. Cela permet de sécuriser l’espace public ».

Il existe déjà deux HSA en France: celle de Paris, située dans le dixième arrondissement à proximité de la Gare du Nord, et une autre à Strasbourg, la Halte Soins Addictions Argos.

Faire preuve de solidarité tout en sécurisant l’espace public, c’est l’objectif du plan communal Errance dévoilé en 2023. Le plan Errance est introduit dans un contexte particulier, avec de nombreuses plaintes de « mendicité agressive », notamment au quartier de la gare. Un travail précis a donc été réalisé, totalement en immersion, auprès des personnes marginalisées. C’est le fruit de la recherche de Thibaut Besozzi, sociologue à l’Université de Bourgogne, ce plan préconise en autre la création d’une HSA. Or, c’est un dispositif expérimental, sans nouvelles pour un renouvellement en 2026. Pour cause, la succession de gouvernements différents empêche la pérennisation de toute continuation du projet.

Une expérimentation en péril

L’avenir des HSA est en jeu au niveau national, mais aussi au niveau local, toujours d’après Nadège Nicolas, « il faut trouver un lieu qui fasse l’unanimité en termes d’accessibilité, il faut être proche du centre-ville, il faut aussi trouver un consensus avec les riverains ». Elle précise aussi la nécessité de la proximité d’une HSA avec un lieu de soins, à l’instar du Halte Soins Addictions déjà installé à Paris, situé à l’Hôpital Lariboisière.

« Le cadre réglementaire n’est pas encore fixé, ajoute Nadège Nicolas. La politique nationale globale fait usage de répression. Aujourd’hui, il faut une politique de lutte contre la drogue. » Elle refuse de donner une date pour l’ouverture du dispositif à Nancy, compte tenu du feu vert de l’Etat nécessaire à la création d’une HSA. En effet, d’autres villes ont déjà déposé un dossier auprès de l’Hôtel Beauvau et de l’Avenue Duquesnes, comme Marseille.

« Il faut un axe répressif, mais aussi aider les gens touchés par l’addiction »

L’ouverture de cette HSA est aussi soutenue par le Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) de Nancy. Le personnel mobilisé serait composé de travailleurs et éducateurs sociaux, mais aussi d’équipes sanitaires, au contact des consommateurs. 

L’accueil au centre se déroule en plusieurs étapes, fidèles aux grandes lignes des deux centres précédents: d’abord le consommateur décline ce qu’il compte consommer avant d’être accompagné, et récupère le matériel stérile nécessaire. Il doit ensuite passer par une salle de repos après la prise, avant de quitter le centre.

La création d’une HSA  est toujours au programme pour la Ville de Nancy, malgré l’approche des municipales de 2026. La mairie reste sur cette position pour la prise en charge de l’errance et de l’addiction qui « fera certainement partie du projet pour le prochain mandat » d’après Nadège Nicolas. D’abord prévue pour une ouverture courant 2024, la création d’une HSA nancéienne devra encore attendre. En effet, pour exister, le dispositif doit être reconduit par le gouvernement, ce qui assure l’ouverture de SCMR partout en France. Le déploiement national de ce dispositif pourrait aider plus d’un million de personnes addict aux substances, d’après l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives.

Crédit photo: Patrice Soudier / Pixabay

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