Alexandre Astier et son rendez-vous du 3ème type.

 In Culture

Le jeudi 15 octobre 2015, Alexandre Astier, célèbre pour sa série Kaamelott, posait ses valises à Nancy pour son dernier spectacle : L’Exoconférence. On l’a vécu pour vous.

Faut-il vraiment présenter Alexandre Astier ? Qui ne connaît pas le Roi Arthur qui, 6 saisons durant (et peut être bientôt à nouveau sur grand écran), anima les débuts de soirée de la France entière au point de ne se voir contester le titre de référence comique ultime des années 2000 que par l’Astérix de Chabat ?

Mais résumer Alexandre Astier à Kaamelott est un peu simple tant ses spectacles musicaux (Que ma joie demeure) et scientifiques (sketch la physique quantique) ont été unanimement plébiscités.

Au-delà de la scène où ses talents à l’écriture, à la mise en scène et à l’interprétation sont évidents, Alexandre Astier est aussi un excellent musicien multi-instrumentaliste et un accordeur d’orgue dévoué. Bref le gars a du talent et ça tout le monde le sait bien avant de pénétrer dans le Zenith de Nancy.


Impatience.

J’avoue je guettai ce moment depuis longtemps… Rendez vous compte, un nouveau spectacle!

. Qui fait du comique avec du sérieux, comme toujours. Qui vulgarise un sujet hyper pointu, comme toujours.

Ça sentait le tour de force.

Une habitude qui colle à la peau du bonhomme, pour notre plus grand plaisir, mais qui place aussi l’attente du public de plus de 3000 personnes (âge moyen 25-30 ans) à un niveau stratosphérique. Ça tombe bien le pitch proposant une aventure spatiale 😉


Mais chaque chose en son temps voulez-vous.

Parlons tout d’abord de Bruce Benamran.

Peut être ne connaissez vous pas ce vulgarisateur scientifique de génie qui œuvre sur le Youtube francophone depuis août 2013. Précis, méticuleux mais aussi pédagogue et irrémédiablement fun, il incarne le prof parfait, le Fred et Jamy contemporain, pour ceux ayant délaissés la télévision au profit des réseaux sociaux. Bruce réuni environ 500.000 vues sur chacune de ses vidéos. Certes sur internet cela ne prouve pas la qualité d’un travail (qui, dans ce cas, est excellente soit dit en passant) mais quand même : prenez le temps d’E-penser !

Pourquoi vous parler de Bruce ? Parce qu’il assurait la première partie du spectacle. Et avec brio! Non ce n’est pas un autre Youtubeur… (désolé pour celle là).

Commencer la scène par une tournée des zéniths de France ça pourrais vous paralyser. Mais pas Bruce. Il occupe l’espace pendant un quart d’heure dans son rôle de technicien qui « vole » un moment avec le public. Interdit d’applaudissement, pour ne pas le faire repérer, le spectateur est pendu à ses lèvres d’où un torrent de parole déboule à un débit (trop?) haletant. On y apprend, au travers d’anecdotes véridiques, le lien étroit entre la largeur des postérieurs équins et le dimensionnement des propulseurs des fusées de la Nasa.


C’est formidable d’humour et de simplicité, mais aussi d’un contenu scientifique original.

C’est certainement le moment le plus riche d’enseignement du soir.

Bravo Bruce tout mon respect et sois assuré que je viendrais voir le spectacle que je ne doute pas que tu créeras 😉


Un quart d’heure pour se remettre la tête à l’endroit et décollage « vers l’infini et au delà » comme dirais l’autre.

L’Exoconférence est bien ce qu’elle prétend être, une conférence sur et dans l’espace. A la recherche de la vie extraterrestre, Alexandre Astier nous entraîne tout au long de l’histoire des sciences de l’univers. Depuis les représentations antiques où la terre était portée par un tortue à la relativité d’Einstein nous parcourons avec lui les découvertes scientifiques et les progrès technologiques, jusqu’à la création de la version 5.0 du logiciel interactif d’aide au conférencier qui mériterait un vrai débogage.

Les sketchs s’enchaînent, alternant ton sérieux du conférencier et mises en situation délirantes. Ça part parfois très loin quand le célèbre physicien Fermi, ivre mort dans un boui-boui mexicain (WTF?!?), nous explique en des paraboles capilo-tractées le sens du paradoxe qui porte son nom.

Entre un éclat de rire et un sourire complice on comprend les risques religieux qui pesaient sur Copernic et, s’échappant des étoiles, on en vient même à critiquer l’image que l’humanité a d’elle même, de la place de la femme et du couple dans la société.


Alexandre Astier en conférencier

Alexandre Astier en conférencier

Tout cela est fluide, huilé mais reste un peu facile.

Je suis presque un peu déçu par les petits dérobés scénaristiques ;

les transitions dont les ficelles sont parfois un peu grosses ;

le logiciel d’aide défaillant qui est un peu réchauffé ;

même le décor avec un escalier télécommandé, ou les animations sur grand écran, dont l’apport reste accessoire.

Soyons franc, ça marche bien, c’est drôle et instructif mais cela ne reste que très bon.


Et puis viennent les 15 dernières minutes de spectacle, et c’est l’explosion. Tout change, le cadre traditionnel du spectacle comique, qui était déjà (trop) peu visible, explose littéralement. Fini le fil de l’histoire, fini le lourd cadre de la cohérence, place au spectacle total. Les quelques tableaux composés alors sont des œuvres visuelles et sonores déconcertantes de beauté et de grandeur.


Certains à coup sûr craindront ce virage tant dans la forme que dans le ton. Moi cela m’a conquis. J’y ai vu un pari gagné de mettre une touche d’œuvre d’auteur dans un spectacle qui, rappelons le, fais la tournée des Zéniths de France.

Alors oui, il y a encore des facilités de mise en scène. Oui, le ton du discours change et certains le percevront comme moralisateur. Oui, j’ai a un peu du mal à voir où il veut nous emmener et j’ai du mal à savoir même quand cela se termine vraiment. Mais il nous propose une expérience scénique inoubliable et c’est pas si fréquent.


Sur cet étrange objet repose le running gag du spectacle.

Sur cet étrange objet repose le running gag du spectacle.

Que retient-on en sortant de la salle ? Un sentiment mitigé. On a sans ambiguïté assisté à un bon spectacle.

Mais on a l’impression d’avoir vu 1h15 d’Alexandre et 15min d’Astier.

On se dit qu’il aurait pu aller plus loin. Que finalement il est resté très vague sur les questions scientifiques. Qu’on aurait aimé découvrir plus, apprendre plus. Mais certains autres, soyons en sûr, se sont dit que ce n’était finalement pas si drôle et attendait plus de comique Arthurien.

La force d’Astier c’est d’arriver à réunir 3000 personnes aux profils et aux connaissances aussi variées. Certes il y avait une majorité de jeunes mais entre le lycéen, et l’actif tout juste parent il y a une pléiade de cas. En passant par le doctorant en physique, l’agrégé de lettres ou l’apprenti menuisier.

Certains n’auront rien appris d’autres beaucoup et au final tout le monde sort avec un peu de positif.


Les plus bougons disserterons sur l’impossibilité de mélanger la conférence scientifique et l’humour et reconnaîtront à demi mot que le pari était osé mais que le résultat est moyen. Moi je me range du côté de ceux qui s’extasie du tour de force de réunir ces deux genres, de réunir ces publics, d’arriver à faire passer du fun et du savoir en même temps.

Je vous encourage à aller vivre l’Exoconférence

Ce spectacle ne changera pas votre vie mais je pense qu’il ne vous prend pas pour un con et que vous allez vous y enjailler.

Et qui sait peut être y toucherez vous les étoiles.

Sydney

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