Quand le blocus divise les Etudiants

 In Actus

Le Campus Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Nancy est bloqué depuis le 22 mars. Depuis notamment le 28 mars, soit la première AG où la décision de poursuivre le blocus a été votée avec pour rappel 69 voix pour et 67 contre, la mobilisation contre le Plan Étudiant est devenue un combat contre le groupe à l’avis opposé concernant le blocus.

Sur les réseaux sociaux, notamment sur les deux groupes Facebook Etudiants de Nancy, les posts à propos du blocus suivis de nombreux commentaires sont nombreux. Les étudiants qui défendent le blocus sont victimes de remarques des étudiants souhaitant retourner à l’Université, et inversement. Les pro-blocus utilisent des idées parfois crues, pouvant aller jusqu’à la culpabilisation de l’autre : « lorsque ton enfant voudra aller à la fac mais ne pourra pas, tu lui diras « désolé, j’avais des examens ? » ».

Certains statuts ont un but humoristique et taquin mais d’autres sont plus insultants vis-à-vis de l’autre camp (« branleurs » contre les pro-blocus, « égoïstes » contre les anti-blocus).

On observe beaucoup de plaintes d’Etudiants qui souhaitent retourner à la fac, or à chaque AG ces derniers n’arrivent pas en tête. C’est ce que critiquent notamment les pro-blocus : pourquoi vous plaindre du blocus si vous ne faites rien contre ? Ces derniers se défendent en exposant les diverses raisons qui expliquent leur absence : ils ne trouvent pas toujours le temps, et certains trouvent les AG longues et répétitives où chacun dit toujours la même chose et où personne ne s’écoute vraiment.

Un dialogue de sourds

Lors de l’AG du jeudi 5 avril dernier, les deux camps se sont exprimés. De nouvelles idées ont germé ce jour-là avec notamment la réclame de la démission du Président de l’Université pour une Université auto-gérée par les Etudiants ou encore une fac bloquée et le maintien des partiels. Un blocage illimité a été évoqué pendant le vote. « Le blocus n’est pas une fin en soi » avons-nous pu entendre. Une action au-delà du blocus pourrait être plus importante et plus pertinente. Mais les deux camps sont très souvent restés campés sur leurs positions. On a parfois observé des étudiants qui répondaient directement à celui qui tenait le micro, mais on a surtout assisté à des huées et des bras en croix pour l’adversaire, et des mains en l’air qui se secouent et des cris pour celui qui a les mêmes idées.

Lors de cette même AG, les discours tenus défendaient la position tenue par le locuteur mais s’attaquaient également à l’autre camp.

D’une part, nous avions les anti-blocus qui s’attaquaient aux bloqueurs en les blâmant d’empêcher les Etudiants d’aller à l’Université, et d’ainsi de les contraindre à échouer leurs études. On leur reproche également une mauvaise compréhension du plan étudiant, et une action inutile et vaine. De plus, ce blocus pourra causer le décalage des partiels, ce qui dérangera les Etudiants qui seront en stage ou qui travailleront.

D’autre part, les bloqueurs reprochent aux Etudiants souhaitant retourner étudier leur égoïsme. Ils tiennent à rappeler que ce blocage est là pour s’opposer au Plan Etudiant, notamment à la sélection à l’entrée de l’Université. Ils proposent aux Etudiants d’aller à la fac pour participer à d’autres activités organisées sur le campus : « la fac n’est pas morte », activités partagées tous les jours sur la page Facebook « Blocage Fac de Lettres Nancy ». A travers ce blocage, ils disent défendre les générations futures et que leurs partiels à eux ne sont pas la priorité dans ce contexte.

Diviser pour mieux régner ?

La fermeture de plusieurs services de l’Université – dont la BU – décrétée par le président de l’Université a rajouté de l’huile sur le feu. En effet, les anti-blocus clament que cette fermeture est due aux bloqueurs : si la fac n’avait pas été bloquée, cette fermeture n’aurait pas eu lieu, et les pro-blocus accusent Pierre Mutzenhardt de vouloir diviser encore plus les Etudiants en ayant fait ce choix. Depuis, la BU a rouvert lundi à 12h. Le Président a d’ailleurs mis en place un vote électronique lundi, qui divise encore : les anti-blocus voient l’occasion de pouvoir retourner étudier sur le campus tandis que les pro-blocus y voient un vote sans débat, donc sans valeur. Cette absence de débat est vue par les anti-blocus comme un vote sans « bourrage de crâne » donc plus légitime.

« Nous ne reconnaissons pas comme légitime le vote électronique, ni à la fac, ni ailleurs. Car ce vote est, par nature, invérifiable et il ne laisse aucune place au débat, en plus de ne pas respecter l’AG […] Nous ne reconnaîtrons pas le résultat de ce vote et nous vous invitons à venir nombreux et nombreuses à la prochaine assemblée générale et à la lutte pour nos droits. », tel est ce que nous pouvons lire sur le tract distribué par l’Université Populaire du Sapin. Quel que soit le résultat de ce vote, le blocus a donc de grandes chances de se poursuivre, jusqu’à la prochaine AG organisée par les étudiants. Affaire à suivre.

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